Blue Jay Way, de Fabrice Colin

On continue avec les romans de Fabrice Colin, avec Blue Jay Way.


Son nom, jusqu'ici, était surtout connu des amateurs de science-fiction et de fantasy, voire de littérature jeunesse. A 39 ans, et presque autant de livres derrière lui, Fabrice Colin s'est déjà taillé une réputation de séduisant touche-à-tout, capable de rafler quatre fois le Grand Prix de l'imaginaire dans autant de catégories différentes. Mais en dépit de quelques ouvrages remarqués (dont Projet oXatan, La Malédiction d'Old Haven ou Bal de givre à New York), le Parisien attendait encore la reconnaissance que son talent appelait. Une injustice qui devrait fort heureusement être réparée après ses débuts fracassants dans le polar avec Blue Jay Way, fable survoltée sur Los Angeles et ses dangereux mirages.
Les prémices du roman - un Français fasciné par l'Amérique part découvrir l'Eldorado californien - auraient pourtant pu faire craindre le pire. Mais ce serait oublier qu'à Hollywood plus qu'ailleurs il ne faut pas se fier aux apparences. Invité à Beverly Hills par une célèbre romancière, Julien a pour mission de chaperonner son fils, Ryan, un junkie emblématique d'une jeunesse dorée et passablement désoeuvrée. Sauf que le précepteur va à son tour succomber au cycle infini des parties, ébahi par la débauche de luxe et de poitrines protubérantes. Et lorsqu'une starlette de télé-réalité dont il s'est amouraché disparaît, le french lover craint vite de passer pour le coupable idéal. D'autant que s'accumulent bientôt les morts violentes, dans une Cité des Anges incapable de dissimuler plus longtemps les démons qui l'habitent...
Blue Jay Way était le nom d'une chanson des Beatles, écrite par George Harrison en 1967 devant le panorama irréel de Los Angeles. Fabrice Colin a su en tirer une brillante variation sur la perte de repères propre à cette métropole tentaculaire. Loin de sombrer dans les clichés habituels, l'auteur de Dreamericana se frotte ainsi au plus près du mythe yankee. Et avec un sens de l'intrigue éprouvé, il nous plonge dans les entrailles de cette ville aux mille visages, taillée comme un diamant noir. Résultat : si on excepte une mise en place un peu longuette, Blue Jay Way s'avère un page-turner efficace, riche en clins d'oeil à Bret Easton Ellis et David Lynch. Et, somme toute, fort prometteur.

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 Julien, jeune Franco-Américain féru de littérature contemporaine, a perdu son père le 11 septembre 2001 dans l'avion qui s'est écrasé sur le Pentagone. Désireuse de lui faire oublier ce drame, la célèbre romancière Carolyn Gerritsen, qui l'a pris en amitié, lui propose d'aller vivre à Los Angeles chez son ex-mari producteur, afin qu'il officie en tant que précepteur auprès de leur fils Ryan. À Blue Jay Way, villa somptueuse dominant la ville, Julien est confronté aux frasques du maître des lieux, Larry Gordon, et à une jeunesse dorée hollywoodienne qui a fait de son désœuvrement un art de vivre : un monde où tous les désirs sont assouvis, où l'alcool, les drogues et les parties déjantées constituent de solides remparts contre l'ennui. Peu à peu, Julien se laisse séduire par ce mode de vie délétère et finit par nouer une relation amoureuse avec Ashley, la jeune épouse de Larry (et belle-mère de Ryan). Lorsque la jeune femme disparaît mystérieusement, il doit tout faire pour dissimuler leur liaison sous peine de devenir le principal suspect. Ce n'est que le début d'un terrible cauchemar : très vite, les morts violentes se succèdent, mensonges, trahisons et manipulations deviennent la norme, et la paranoïa apparaît comme le dernier refuge contre un réel insupportable. Julien doit savoir, pourtant, il n'a plus le choix : il fait partie de l'histoire.

Styliste hors pair, Fabrice Colin donne ici de nouveaux territoires au thriller et nous offre un roman profondément contemporain, qui dresse le portrait d'une époque où réalité et fiction ont irrémédiablement partie liée, parfois pour le meilleur, souvent pour le pire. Los Angeles, la ville où tout est filmé et où, pourtant, tout est faux, est le cadre idéal de cette palpitante descente aux enfers, doublée d'une intrigue machiavélique.

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Ce blog de la médiathèque de Chassieu est consacré aux documentaires et à la fiction

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