Les Brigades du livre - Réunion de novembre
Aux Brigades du livre en novembre nous avons fait un retour rapide sur la rentrée littéraire avec les romans suivants :
- C de Tom MacCarthy : Roman exigent mais riche qui a été apprécié.
- Pour seul cortège de Laurent Gaudé : Roman qui peut se rapprocher par son thème d'un des premiers roman de l'auteur La mort du roi Tsongor. Roman très apprécié.
- Les lisières d'Olivier Adam : Gros coups de cœur des lecteurs et lectrices du groupe de lecture qui l'ont lu.
Ensuite nous avons évoqué les auteurs présents lors des Belles Latinas, manifestation nationale autour de l'Amérique du sud :
- Le fourgon des fous de Carlos Liscano : roman tout autant apprecié, sur la capture et l'enfer de l'emprisonnement, en Uruguay dans les annees 70 pour raisons politiques. La perception, l'attente, le vécu de la torture. Et ce retour à la liberté, après une décennie de vie au cachot, qui s'avère être lui aussi un long et déchirant parcours.
- Des gens heureux de Luiz Ruffato : Un roman qui décoiffe. Ce roman est tout à la fois quasiment impossible à lire, merveilleux et dantesque. Dans le Minas Gerais une famille italienne, très pauvre, un pére fou à lier, une femme réduite à l'enfantement, et puis une valse endiablée de crimes, non dits, sentiments, relations... On se perd un peu à la lecture car on a du mal à savoir qui est qui, mais il suffit de se laisser faire par les mots et tous les ressentis affluent.
- Sept façons de tuer un chat de Matias Nespolo. Un livre qui a fait débat. Ceux qui n'ont pas été touchés par ce livre sont d'accords pour dire que l'on se prend d'amitié pour les deux jeunes personnages perdus dans la banlieue de Buenos-Aires, que la misère pousse à tuer de magistrale facon les chats pour les manger, mais ils trouvent que bien vite l'engrenage avec les deux dealers fait sombrer le roman dans le glauque avec des descriptions "gore", et que cela lui fait perdre de son intérêt.
- Ce que je sais de Vera Candida de Véronique Ovaldés. Un livre qui a touché les lecteurs. Une lectrice décrit même le roman de la manière suivante : "Une boisson rafraichissante, un bouquet de poésie". Saga de trois femmes mères et filles dans un pays imaginaire. Ce roman est un régal, il peut faire penser sur certains aspects à une version revisité d'Alice au pays des merveilles.
- Personnages secondaires d'Alejandro Zambra. Il s'agit du coup de cœur d'une des lectrices du groupe. Les personnages secondaires, ce sont les parents d'un petit garçon de 9 ans sous la dictature de Pinochet. Ils vivent presque une existence normale alors que dehors l'enfer rode et avale la population. L'enfant se rend compte que quelque chose se passe mais a chaque question on lui répond : "Mange et tais toi!". Et comme ca, mine de rien,se posent les questions fondamentales sur les engagements, la responsabilité, les renoncements,la place de la litterature, la paternité. Ce roman regorge de phrases "choc" comme "Lire, c est se cacher le visage; écrire, c'est le montrer", "Au lieu de hurler, j'écris des livres", "C'est mon livre, je ne peux pas ne pas y être". A un moment, l'enfant répond à l'instituteur qui lui demande si son père est communiste : "Mon père, il est rien" car l'enfant a conscience de la neutralité de ses parents. Plus tard, il leur reprochera "Pinochet était un dictateur vous n'étiez pas pour, mais vous n'étiez pas contre, donc vous faisiez de la politique". L'enfant comprend qu'en se plaçant à l'écart de l'Histoire, en se donnant le rôle de personnages secondaires, ses parents faisaient partie de l'Histoire malgré eux, en soutenant la dictature de par leur neutralité... Ce livre est en quatre parties, la narration est particulière, avec des paragraphes qui se chevauchent, mais c'est un pur regal.