Fête du livre de Bron : Tatiana Arfel
Lors de la Fête du Livre du Bron qui aura lieu du 14 au 16 février, je vous conseille vivement de partir à la rencontre de Tatiana Arfel.
Tatiana Arfel est une auteure que la médiathèque suit depuis son premier roman L'attente du soir qui a été un coup de coeur pour les bibliothécaires mais aussi pour une grande partie de notre public. Ce roman est l'histoire de 3 personnages au bord du monde, 3 personnages qui, sans le
savoir, vont mettre des années à se trouver, à se rejoindre et à s'offrir peut
être enfin, une vie digne de ce nom, emplie d'amour et de tendresse : un clown
blanc, directeur d'un cirque ; une femme grise parce qu'elle n'a jamais été
regardée par ses parents; le môme enfin, un enfant sauvage, qui s'est élevé tout
seul sur un terrain vague et que les couleurs, la peinture vont sauver. Cela
pourrait être un catalogue de misères, c'est une marche poétique, où les
couleurs et les parfums, les sensations jouent un rôle essentiel.
Ensuite nous l'avons suivi avec son titre suivant Des clous. Dans ce roman, elle change totalement de sujet pour aborder le monde de l'entreprise. Human Tools est une entreprise internationale de services spécialisée dans la mise en place de procédures pour d’autres sociétés. Ou plutôt : Human Tools vend du vent très cher, très côté en Bourse et très discutable. Catherine, Rodolphe, Francis, Sonia, Marc, Laura travaillent pour Human Tools. Ils en sont les clous, ils valent des clous : employés non conformes, allergiques à la cravate ou aux talons hauts, trop intelligents, trop étranges, rêveurs ou aimables, trop eux-mêmes, simplement. Nos clous vont avoir, à un moment, le choix. Liberté vertigineuse : qu’en feront-ils ?
Cette année elle vient de sortir un troisième roman La deuxième vie d'Aurélien Moreau que la médiathèque n'a pas encore, mais qui devrait arriver dans les jours qui viennent. Dans le nouveau roman elle aborde encore un autre thème : peut-on devenir quelqu'un d'autre. Rentrer du travail sans même se souvenir du trajet. Monter revérifier qu'on a fermé la porte à clé. Regarder l'heure, l'après-midi est déjà là, où est donc passé le matin ? Et le week-end dernier, on a fait quoi déjà, rien ? Instants multiples où nous n'étions pas là. Où nous cachions-nous alors, derrière combien de murailles, combien d'écrans, est-ce du temps définitivement perdu, celui qui n'a pas été vécu ? Imaginons donc.
Chez Aurélien ces absences s'étendent à toute sa vie. Il n'y est jamais, ne se souvient de rien, sauve quelques faits sur des carnets. Pourtant du dehors, Aurélien a l'air normal. Même trop normal pour être normal, commère-t-on parfois. Normopathe, finalement, rien ne dépasse et des mots blancs. A moins qu'il n'y ait possibilité d'une deuxième vie, une chance cette fois d'y arriver. A naître dans son corps, sentir dans sa peau, à jouir, à goûter.
A trouver une langue à soi pour pouvoir raconter. Il faudra quitter son existence ancienne, renoncer au calme film noir et blanc et muet. Risquer de tout perdre, habitudes et tranquillité, pour ne pas expirer avant l'heure. Quitte, ou double.